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mardi 3 juin 2014

Street art : l’art fugitif et éphémère de plus en plus reconnu


Qui n’a jamais entendu les complaintes des riverains ou des passants, critiquant avec dédain les graffitis épars qui peuplent le paysage urbain ? Pourtant, cette forme d’intervention urbaine est largement dominée par de véritables artistes, qui s’inscrivent dans une démarche très réfléchie. Il serait dommage de réduire le Street Art aux gribouillages de ces quelques amateurs en quête de sensations.

Le concept : L’envie d’action

Le sens de cette forme d’art se trouve dans la réalisation artistique. Pour l’artiste, ce qui compte c’est de réaliser sa pensée. Les artistes Street art sont des personnes qui aiment l’action.
 ©Jules Hidrot

Cette forme artistique, dérivée de l’art contemporain s’est développée dans les années 60, en parallèle avec les nombreuses innovations architecturales et la modification du paysage urbain. Si jusque là, l’inspiration des peintres classiques était un paysage bucolique exilé de toute agitation, la ville devient un terrain de jeu privilégié pour les artistes qui s’approprient l’espace qui leur est offert. Ces interventions ponctuelles sont alors considérées comme des infractions, une dégradation des biens publics. Cependant, il en faudra plus que cela pour arrêter les créatifs qui y trouveront encore plus de plaisir, de sensations, d’excitation et d’adrénaline dopant ainsi leur inspiration. Ces jeunes talents ont alors réussi à s’imposer dans le paysage visuel citadin. « Exposer » ses œuvres dans la rue, aux yeux d’un nombre incalculable de passants, un coup de pub plutôt réussi !

Le Street Art : une peinture in situ

©Jules Hidrot
D’un point de vue plus artistique, le Street Art est l’art du présent. Ephémère, il habille les murs d’une ville le temps de quelques mois, ou quelques années… Il faut considérer l’art urbain comme un moyen d’accepter de vivre avec son temps : les thèmes traités sont souvent dérivés de l’actualité (souvenez-vous du mur de Berlin, du célèbre baiser entre Brejnev et Honecker), ou encore inspiré par les dernières découvertes scientifiques. Bien entendu, le Street Art ne restitue pas tout comme tel : toutes ces informations sont traitées et exprimées à travers le prisme de l’artiste qui souvent aime rajouter sa pointe d’humour ou de tragédie. C’est une forme d’expression très personnelle qui symbolise la liberté.
 
©Jules Hidrot
De plus, les artistes des rues sont confrontés à de nombreuses difficultés : tout d’abord, ils sont contraints par le temps, il faut souvent agir vite. Ils doivent faire face aux contraintes météorologiques et enfin, il y a la contrainte de l’espace. Volumes, surfaces, matériaux etc … tout cela doit être pris en compte avant de commencer la réalisation de la fresque. Les murs des villes ne sont pas tous uniformes, et c’est ces différences qui rendent très certainement cette forme d’art unique. S’approprier un angle, une volute et créer un effet humoristique, trompe-l’œil, jouer avec les matériaux sur lesquels on peint pour donner un effet, c’est bien ça la subtilité de cet art !
Les artistes essayent de faire passer un message, certes à leur façon. Alors soit celui-ci est compris par les curieux qui s’arrêtent pour tenter de le déchiffrer, soit les passants amorphes marchant droit devant eux  prendront la peine de s’arrêter un quart de seconde pour être surpris. Ces artistes cherchent à marquer les gens.


Dans le contexte social actuel, on remarque que très peu de personnes fréquentent les musées ou les galeries régulièrement ou de façon spontanée. C’est tout un mouvement de société qui s’exprime à travers cet art : rendre les choses accessibles, ne pas les enfermer dans un écrin de velours au fin fond d’une galerie pour laisser le plaisir uniquement aux connaisseurs ! Le Street Art est une piqûre de rappel que l’art existe, qu’il faut parfois lever les yeux de son écran et apprécier, admirer l’instant présent.
 

Ainsi, de moins en moins perçue comme délinquante, cette forme d’art est reconnue par de nombreux acteurs de poids, qui lui ont permis d’évoluer et de se démocratiser tout en protégeant les artistes et leurs œuvres.
 
Le chemin de la démocratisation : quel avenir pour le Street Art ?

Comme tout art, le Street Art n’échappe pas à une forme de mécénat. Accessible à tous, grand public, éphémère, les premiers à y voir un intérêt économique sont les marques. Conscientes du succès que les œuvres ont eu dans la rue, elles décident de l’intégrer directement à leurs produits, dans leurs campagnes publicitaires, une façon de ne pas déclarer la guerre entre deux occupants du paysage visuel urbain. En allant plus loin encore, on pourrait même dire que l’intégration artistique au sein des campagnes de pub permettrait une meilleure réception du message de l’annonceur, car le consommateur, fasciné par l’aspect artistique de la campagne, éprouve un plaisir à sa vue, et donc un plaisir à la vue du produit, qui se transformera en besoin de consommation.  Ce type de partenariat à aussi permis de donner une légitimité aux artistes Street Art et a aidé à développer leur art, à le rendre plus « politiquement correct » en quelque sorte.
 
©Jules Hidrot

C’est toujours dans un souci d’originalité et de surprise que vont travailler les artistes. Ainsi, certains sponsors vont les approcher pour leur proposer de réaliser une performance éphémère, d’investir un lieu exclusif. On voit donc se développer cette forme de mécénat teinté de marketing. Enfin, le milieu artistique ne reste pas insensible à ces créations : les galeries ne sont pas reste, mais sont souvent réservées aux artistes ayant déjà acquis une certaine notoriété. Ceux qui commencent (et qui ont tout autant de talent), vont privilégier les collectifs d’artistes qui leur offrent des opportunités de visibilité, des opportunités artistiques, des échanges de contacts pouvant par la suite évoluer à une carrière artistique professionnelle. C’est le cas du 9eme Concept, un collectif d’artistes.

Ce mois-ci, ce collectif a été l’initiateur d’un projet innovant et original. En vue de la multiplication des résidences d’artistes, le succès de la Tour 13, c’est à la Tour Pleyel que 24 artistes ont posé leurs pots de peinture pour 5 jours de création intense. Perchés au 25e étage, dans un open space désaffecté de 600 m2, les artistes se partagent l’espace suivant des prismes de couleurs prédéfinis, permettant un enchaînement parfait entre les œuvres, une véritable unité. Doté d’une vue impressionnante, l’espace est investi jusque dans les moindres recoins. Une performance de maître, qui nous laisse sans voix.
Ce décor qui en fait rêver plus d’un est destiné à accueillir une nouvelle édition du Desperados Wild Club : du 4 au 6 juin, ce décor insolite sera le terrain de jeu de quelques privilégiés, noctambules et créatifs en tout genre.

En quelques mots, le Street Art a encore de beaux jours de liberté devant lui avant de finir enfermé dans des musées !

Suivez toute l’actualité de cette soirée sur Desperados

Ainsi que l’actualité de tous les artistes du 9eme Concept : www.9eme.net
Artistes ayant contribués Tour Pleyel : Alexandre d'Alessio, Bruno Leyval, Clément Laurentin, Franck Pellegrino, Gilbert Petit, Jean Jacques Tachdjian, Jerk 45, Joachim Romain, Juan, LapinThur, LeJam, Mast, Mattia Lullini, Ned, Niark, Nick Torgoff, Pedro, Romain Froquet, Stéphane Carricondo, The Blind, Theo Lopez.

 

XX Amelie

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