Qui n’a jamais entendu les complaintes des
riverains ou des passants, critiquant avec dédain les graffitis épars qui
peuplent le paysage urbain ? Pourtant, cette forme d’intervention urbaine
est largement dominée par de véritables artistes, qui s’inscrivent dans une
démarche très réfléchie. Il serait dommage de réduire le Street Art aux gribouillages
de ces quelques amateurs en quête de sensations.
Le concept : L’envie d’action
Le sens de cette forme d’art se trouve dans la
réalisation artistique. Pour l’artiste, ce qui compte c’est de réaliser sa
pensée. Les artistes Street art sont des personnes qui aiment l’action.
©Jules Hidrot |
Cette forme artistique, dérivée de l’art
contemporain s’est développée dans les années 60, en parallèle avec les
nombreuses innovations architecturales et la modification du paysage urbain. Si
jusque là, l’inspiration des peintres classiques était un paysage bucolique
exilé de toute agitation, la ville devient un terrain de jeu privilégié pour
les artistes qui s’approprient l’espace qui leur est offert. Ces interventions
ponctuelles sont alors considérées comme des infractions, une dégradation des
biens publics. Cependant, il en faudra plus que cela pour arrêter les créatifs
qui y trouveront encore plus de plaisir, de sensations, d’excitation et d’adrénaline
dopant ainsi leur inspiration. Ces jeunes talents ont alors réussi à s’imposer dans
le paysage visuel citadin. « Exposer » ses œuvres dans la rue, aux
yeux d’un nombre incalculable de passants, un coup de pub plutôt réussi !
Le Street Art : une peinture in situ
©Jules Hidrot |
©Jules Hidrot |
De plus, les artistes des rues sont confrontés à
de nombreuses difficultés : tout d’abord, ils sont contraints par le
temps, il faut souvent agir vite. Ils doivent faire face aux contraintes
météorologiques et enfin, il y a la contrainte de l’espace. Volumes, surfaces,
matériaux etc … tout cela doit être pris en compte avant de commencer la
réalisation de la fresque. Les murs des villes ne sont pas tous uniformes, et c’est
ces différences qui rendent très certainement cette forme d’art unique. S’approprier
un angle, une volute et créer un effet humoristique, trompe-l’œil, jouer avec les
matériaux sur lesquels on peint pour donner un effet, c’est bien ça la
subtilité de cet art !
Les artistes essayent de faire passer un
message, certes à leur façon. Alors soit celui-ci est compris par les curieux
qui s’arrêtent pour tenter de le déchiffrer, soit les passants amorphes
marchant droit devant eux prendront la
peine de s’arrêter un quart de seconde pour être surpris. Ces artistes
cherchent à marquer les gens.
Dans le contexte social actuel, on remarque que
très peu de personnes fréquentent les musées ou les galeries régulièrement ou
de façon spontanée. C’est tout un mouvement de société qui s’exprime à travers
cet art : rendre les choses accessibles, ne pas les enfermer dans un écrin
de velours au fin fond d’une galerie pour laisser le plaisir uniquement aux
connaisseurs ! Le Street Art est une piqûre de rappel que l’art existe, qu’il
faut parfois lever les yeux de son écran et apprécier, admirer l’instant
présent.
Ainsi, de moins en moins perçue comme délinquante,
cette forme d’art est reconnue par de nombreux acteurs de poids, qui lui ont
permis d’évoluer et de se démocratiser tout en protégeant les artistes et leurs
œuvres.
Le chemin de la démocratisation : quel
avenir pour le Street Art ?
Comme tout art, le Street Art n’échappe pas à
une forme de mécénat. Accessible à tous, grand public, éphémère, les premiers à
y voir un intérêt économique sont les marques. Conscientes du succès que les œuvres
ont eu dans la rue, elles décident de l’intégrer directement à leurs produits,
dans leurs campagnes publicitaires, une façon de ne pas déclarer la guerre
entre deux occupants du paysage visuel urbain. En allant plus loin encore, on
pourrait même dire que l’intégration artistique au sein des campagnes de pub
permettrait une meilleure réception du message de l’annonceur, car le
consommateur, fasciné par l’aspect artistique de la campagne, éprouve un
plaisir à sa vue, et donc un plaisir à la vue du produit, qui se transformera
en besoin de consommation. Ce type de
partenariat à aussi permis de donner une légitimité aux artistes Street Art et
a aidé à développer leur art, à le rendre plus « politiquement correct »
en quelque sorte.
©Jules Hidrot |
C’est toujours dans un souci d’originalité et de
surprise que vont travailler les artistes. Ainsi, certains sponsors
vont les approcher pour leur proposer de réaliser une performance éphémère, d’investir
un lieu exclusif. On voit donc se développer cette forme de mécénat teinté de
marketing. Enfin, le milieu artistique ne reste pas insensible à ces créations :
les galeries ne sont pas reste, mais sont souvent réservées aux artistes ayant
déjà acquis une certaine notoriété. Ceux qui commencent (et qui ont tout autant
de talent), vont privilégier les collectifs d’artistes qui leur offrent des
opportunités de visibilité, des opportunités artistiques, des échanges de
contacts pouvant par la suite évoluer à une carrière artistique
professionnelle. C’est le cas du 9eme Concept, un collectif d’artistes.
Ce mois-ci, ce collectif a été l’initiateur d’un
projet innovant et original. En vue de la multiplication des résidences d’artistes,
le succès de la Tour 13, c’est à la Tour Pleyel que 24 artistes ont posé leurs
pots de peinture pour 5 jours de création intense. Perchés au 25e
étage, dans un open space désaffecté de 600 m2, les artistes se partagent l’espace
suivant des prismes de couleurs prédéfinis, permettant un enchaînement parfait
entre les œuvres, une véritable unité. Doté d’une vue impressionnante, l’espace
est investi jusque dans les moindres recoins. Une performance de maître, qui
nous laisse sans voix.
Ce décor qui en fait rêver plus d’un est destiné
à accueillir une nouvelle édition du Desperados Wild Club :
du 4 au 6 juin, ce décor insolite sera le terrain de jeu de quelques
privilégiés, noctambules et créatifs en tout genre.
En quelques mots, le Street Art a encore de
beaux jours de liberté devant lui avant de finir enfermé dans des musées !
Suivez toute l’actualité de cette soirée sur Desperados
Ainsi que l’actualité de tous les artistes du
9eme Concept : www.9eme.net
Artistes ayant contribués Tour Pleyel : Alexandre d'Alessio, Bruno Leyval, Clément Laurentin, Franck Pellegrino, Gilbert Petit, Jean Jacques Tachdjian, Jerk 45, Joachim Romain, Juan, LapinThur, LeJam, Mast, Mattia Lullini, Ned, Niark, Nick Torgoff, Pedro, Romain Froquet, Stéphane Carricondo, The Blind, Theo Lopez.
Artistes ayant contribués Tour Pleyel : Alexandre d'Alessio, Bruno Leyval, Clément Laurentin, Franck Pellegrino, Gilbert Petit, Jean Jacques Tachdjian, Jerk 45, Joachim Romain, Juan, LapinThur, LeJam, Mast, Mattia Lullini, Ned, Niark, Nick Torgoff, Pedro, Romain Froquet, Stéphane Carricondo, The Blind, Theo Lopez.
XX Amelie
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