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mercredi 16 juillet 2014

Dans les coulisses de l'atelier de Sakina M'Sa : rencontre inédite avec la créatrice

Sakina M'Sa, une jeune créatrice comorienne nous ouvre les portes de son atelier situé dans le quartier de la goutte d'or.
Elle lance son concept en 2002 : Créer des vêtements élégants, modernes, chics et confortables avec les chutes de tissus des grandes maisons de mode.
Rencontre et images inédites de la prochaine collection.


Vous avez lancé votre propre marque en 2002. Qu'est-ce qui vous a poussé vers la mode et quel a été votre parcours avant de vous lancer dans votre propre atelier ?
En fait, j'ai fait une école de mode, l'Institut Supérieur de Mode à Marseille. Arrivée à Paris j'ai fait une sorte de stage si on veut, basé sur du vécu. J'étais dans un quartier difficile où j'ai monté un atelier, appelé "Atelier du tissu social" où tous les gamins venaient pendant leur temps libre et j'ai vraiment appris comme ça pendant deux trois ans, en menant des ateliers autour de la couture. Parallèlement je faisais mes collections perso et j'ai été repérée par l'acheteuse des Galeries Lafayette. Du coup j'ai commencé à vendre aux galeries, puis chez Maria Luisa, et j'ai eu la chance de signer avec un industriel. C'est comme ça qu'est née la boîte en 2002. Puis suite à la conjoncture, notre collaboration a pris fin, et c'est à ce moment là que j'ai commencé à réfléchir et à penser comment construire autrement la mode. Je voulais faire un projet éthique et solidaire tout en restant en France.
Je me suis donc installée dans un quartier que j'ai choisi, qui est un quartier populaire, où y a pleins d'immigrés, pleins de mélange, qui est un quartier vraiment dans la diversité et ça m'intéressait beaucoup. mon projet ne pouvait vivre que dans un quartier comme celui -là.

Avez-vous des figures de mode qui vous inspirent en particulier?
Moi j'ai toujours aimé Kate Moss, je trouve que la Kate elle était la nana qui a imposé, cassé le code de la mannequin d'1m80. Elle est arrivé avec son 1m70 en étant une petite brindille et elle a ramené quelque chose en plus. Elle est devenue une icone, mais une icone un peu Rock n'Roll, avec un ADN différent. C'est un hymne à la différence, et montre que la différence peut aussi être sexy, désirable, et elle a été remarquable pour ça, selon moi.

Votre source principale d'inspiration pour vos collections?
Je pense que c'est beaucoup le théâtre, l'art contemporain et la danse. Moi j'adore Sacha Waltz, j'aime beaucoup  les propositions qu'elle fait. Je trouve que la danse c'est très lié au corps, la peinture et l'art contemporain en terme d'installation est aussi lié au corps, c'est du placement dans l'espace. Ça m'inspire énormément. Pour faire une collection il faut que j'aille voir une expo qui me parle.


Est-ce que vos origines comoriennes ont eu une influence sur votre sensibilité à l'éthique, au respect de l'environnement?
 Je dirai que ces origines ont des influences surtout sur l'aspect partage, parce que quand on est dans une grande famille, tout le monde est dans la maison toute la journée et nous on partage. J'ai grandi dans cette culture du partage et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui je vois les choses autrement.

Dans votre atelier, vous travaillez souvent avec des stagiaires (et des salariés aussi), quelle place accordez-vous à leur créativité, est-ce qu'ils peuvent vous proposer un modèle qui peut donner suite à la réalisation concrète?
Oui carrément, c'est très important pour moi. Après je crois que c'est aussi à nous de faire un choix quand on fait les entretiens, quand on regarde les books. Il n'y  a pas de mauvais book, il y a juste des styles différents. Je recherche avant tout quelqu'un qui est proche de mon travail, qui va comprendre l'ADN de ce que je fais et qui va pouvoir s'en imprégner rapidement.

Pendant votre temps libre, quels sont vos spots préférés à Paris?
J'aime beaucoup Beaubourg. C'est l'un des premier lieux culturel qui s'est retrouvé dans ce quartier, c'est une révolution qu'a voulu Pompidou. C'est fascinant, il y a tous les peuples qui y vont. Je trouve que c'est un lieu dans lequel je me sens bien : le fait de voir des œuvres de Louise Bourgeois, de Soulages par exemple, ça me parle vraiment avec tout ce qu'il nous a fait sur le noir...
En terme de cafés ou de lieux où je traîne, je suis plus dans les cafés de mon quartier. J'habite vers Oberkampf, je vais manger au Soya qui est une cantine bio, moi je suis végétarienne donc voilà... je vais aux Deux Frères, un petit café rue Oberkampf, j'y ai croisé Vanessa Bruno, ça m'amuse.
J'aime beaucoup aussi aller au Théâtre de l'Atelier dans le 18e, où y a vraiment des propositions théâtrale de qualité et bien sur le théâtre de la ville!

J'imagine que vous devez beaucoup aimer la musique, quels sont vos titres du moment?
J'ai eu ma phase Feist, et en ce moment il y a Christine and The Queens et mon ami Imany que j'adore. Sinon après il y a les classiques que j'écoute avec bonheur : Patti Smith, Joy Division, et encore Nico. Pour moi c'est vraiment à la fois une belle personne, fragile et en même temps Rock n'Roll. J'ai beaucoup d'affection pour elle parce qu'elle est décédée de la même manière que mon grand-père, à vélo. Voilà, j'ai une base très rock et puis aussi très alternative. Aujourd'hui on est dans une société où il faut se battre pour la différence, la minorité, en musique, en théâtre, parce que c'est eux, (excusez l'expression) qui ont les couilles d'expérimenter les choses contrairement à ceux qui sont déjà dans un business.

Et si vous deviez vous résumer en un mot?
l'Authenticité.

Un grand merci à Sakina et son équipe pour leur accueil chaleureux ! 
Photos : Paul Antoine Dagron




 XX Amelie 


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